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Schizophrénie : choisir le traitement par une prise de sang

Publié le 6 décembre 2016

 

Les maladies psychiatriques touchent en France 1 personne sur 5 et deviendront d’ici 2020 la 1e cause de handicap dans le monde. Soutenir la recherche en psychiatrie est plus que jamais une priorité pour mieux comprendre les causes et les mécanismes de ces maladies, mieux connaitre les facteurs de risque environnementaux et favoriser le développement d’innovations diagnostiques et thérapeutiques.

Nicolas Glaichenhaus: de l’immunologie à la psychiatrie

Nicolas Glaichenhaus est Professeur d’immunologie à l’Université de Nice Sophia Antipolis depuis 1991, et membre de l’Institut Universitaire de France depuis 1995. Après avoir effectué une thèse sur la régulation de l’expression des gènes dans les cellules eucaryotes, Nicolas Glaichenhaus a effectué un stage postdoctoral à l’Université de Californie à Berkeley où il a commencé à s’intéresser à l’Immunologie, et plus particulièrement aux lymphocytes T et à leurs interactions avec les autres cellules de l’organisme. A son retour en France en 1991, Nicolas Glaichenhaus a bénéficié d’un financement ATIP du CNRS pour créer une équipe au sein de l’Institut de Pharmacologie Moléculaire et Cellulaire, un laboratoire de recherche rattaché au CNRS et à l’Université de Nice Sophia Antipolis. Cette équipe est également rattachée à l’INSERM depuis 2003.
Nicolas Glaichenhaus est coauteur de plus de 100 publications et ses travaux ont été récompensés par plusieurs prix scientifiques dont le prix de la Fondation de la Recherche Médicale et le Prix Bernard Halpern.  
Parallèlement à ses activités de recherche et d’enseignement, Nicolas Glaichenhaus a été membre de nombreuses instances d’évaluation ou d’animation de la recherche en France et à l’étranger.

Comment une prise de sang, associée à un algorithme de prédiction, permettra de choisir le traitement le plus efficace pour soigner  un patient atteint de schizophrénie ?

De nombreux traitements sont aujourd’hui disponibles pour les patients atteints de schizophrénie. Cependant, les médecins ne disposent pas de marqueurs pour choisir la stratégie thérapeutique la plus efficace chez un patient donné. Depuis plusieurs années, médecins et chercheurs travaillent à l’identification de marqueurs biologiques grâce aux pistes génétiques, immunologiques ou d’imagerie cérébrale. Pourtant, aucun des premiers marqueurs identifiés à ce jour ne s’est montré assez fiable pour être utilisé par les médecins dans leur pratique quotidienne.

Originalité de la démarche : l’immunologie à la rencontre du big data au profit de la médecine de précision en psychiatrie

En collaboration étroite avec deux mathématiciens de l’Université de Nice Sophia Antipolis, Michel Barlaud et Lionel Fillatre, Nicolas Glaichenhaus propose d’utiliser des méthodes dites de « classification statistique supervisée » pour analyser rétrospectivement les prélèvements sanguins (marqueurs inflammatoires) et les dossiers cliniques de centaines de patients atteints de schizophrénie, suivis dans les Centres Experts de la Fondation FondaMental.

En effet, les récentes découvertes en immunologie ont révélé que des dysfonctionnements de la réponse immunitaire et inflammatoire pourraient être à l’origine des troubles psychotiques ou participer à leur développement. L’étude des marqueurs sanguins inflammatoires est, à ce titre, porteuse d’espoirs. Ils fournissent une nouvelle lecture de la schizophrénie qui ouvre potentiellement la voie à de nouveaux outils diagnostiques et thérapeutiques. Plusieurs travaux suggèrent notamment que, chez les patients souffrant de schizophrénie, ces marqueurs pourraient dépendre de l’interaction entre un terrain génétique et des facteurs de risque environnementaux (stress, infections…).

Ainsi, en traitant les données immunologiques et cliniques par des méthodes mathématiques, Nicolas Glaichenhaus espère pouvoir développer un algorithme de prédiction permettant au psychiatre d’identifier, sur la base d’une simple prise de sang, le traitement qui aura le plus de chance d’être efficace pour son patient.

Un projet basé sur des résultats préliminaires encourageants

Afin d’obtenir la preuve de concept que son projet pouvait aboutir, Nicolas Glaichenhaus a eu accès à une cohorte de patients présentant un premier épisode psychotique et jamais traités auparavant. Il a mesuré les molécules de l’inflammation produites par les cellules de l’inflammation (cytokines) dans le sérum de ces patients, avant et après traitement par un antipsychotique de première ligne appelé Amisulpride. Les données ont été analysées chez les répondeurs et les non-répondeurs au traitement  en utilisant des méthodes avancées de classification statistique. Cela a permis de générer une première version d’un algorithme mathématique permettant de prédire, sur la base de la concentration de quelques cytokines avant traitement, si un patient sera répondeur ou non à cet antipsychotique de première ligne.

Ce projet pourrait ainsi permettre de développer de nouveaux biomarqueurs « théranostiques »

»Bien que les résultats préliminaires que nous avons obtenus avec les patients psychotiques soient encourageants, le pouvoir prédictif de notre algorithme, c’est-à-dire sa sélectivité et sa spécificité, est encore insuffisant. Pour améliorer ce pouvoir prédictif, nous allons poursuivre plusieurs pistes parmi lesquelles la mesure de la concentration d’autres cytokines, l’intégration de données cliniques et l’incorporation dans notre algorithme de contraintes dites « de graphe ». De plus, quel que soit le pouvoir prédictif de notre algorithme, il ne pourra être utilisé par les cliniciens dans leur pratique quotidienne que si nous confirmons son efficacité dans d’autres cohortes de patients, à différents stades de leur maladie.
Enfin, dans l’hypothèse où notre projet donnerait les résultats escomptés, nous souhaiterions mettre en œuvre des approches similaires pour concevoir des signatures clinico-biologiques à visée diagnostiques pour aider les psychiatres à identifier parmi les patients présentant un épisode dépressif, ceux qui sont unipolaires (uniquement dépressifs) ou  ceux qui sont bipolaires (qui présentent des épisodes de dépression ou de manie). C’est l’ensemble de ces projets que nous allons pouvoir développer grâce au Prix Marcel Dassault et au soutien du Groupe Dassault et de la Fondation FondaMental

Un immense espoir de la médecine de précision pour les personnes atteintes de schizophrénie

On peut espérer que dans les années à venir, les psychiatres pourront identifier, sur la base d’une simple prise de sang, le traitement le plus approprié pour leurs patients.

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