Communiqué de presse FondaMental : Etude ASPIRE
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Et si certaines dépressions étaient causées par une inflammation ? Une étude internationale ouvre la voie vers de nouveaux traitements

Publié le 17 novembre 2025

Dans un article publié dans The Lancet Psychiatry, plusieurs chercheurs internationaux dont les Prs Carmine M. Pariante (King’s College London, responsable de l’étude) et Marion Leboyer (UPEC, Inserm, AP-HP, Fondation FondaMental, Programme français de recherche en psychiatrie de précision, coordinatrice française de l’étude) présentent l’étude ASPIRE [1], qui pourrait transformer la prise en charge des personnes souffrant de dépression résistante aux traitements. Cette approche innovante s’appuie sur la découverte de liens entre la dépression et une inflammation dans le corps, détectable grâce à des biomarqueurs sanguins. 

Selon l’OMS, la dépression touche 332 millions de personnes dans le monde. Or, on sait qu’environ 30% de patients ne répondent pas aux antidépresseurs classiques. On parle alors de dépression résistante aux traitements. L’étude ASPIRE (Advanced Stratification of People with Depression Based on Inflammation) s’appuie sur une avancée majeure : certaines formes de dépression pourraient être dues à une inflammation chronique de faible intensité, et répondre à des approches ciblant directement ce mécanisme biologique. 

ASPIRE rassemble des chercheurs de huit pays et des associations de personnes vivant avec la dépression pour mieux caractériser les profils des patients concernés, et pouvoir à terme leur proposer de nouvelles approches thérapeutiques.

La piste inflammatoire, un nouveau regard sur la dépression

L’inflammation est un phénomène naturel indispensable pour combattre les infections dans le corps. Mais lorsqu’elle devient chronique, elle peut perturber le fonctionnement cérébral et dérégler l’humeur. De plus en plus de données montrent qu’un sous-groupe de patients dépressifs présente ce type d’inflammation dite « de bas niveau », identifiable grâce à des biomarqueurs sanguins tels que la CRP (C-réactive protéine) ou des substances appelées cytokines, comme l’interleukine-6 (IL-6) ou le Tumor Necrosis Factor (TNF).

Ce groupe de patients présente des symptômes bien particuliers : 

  • Fatigue intense et manque d’énergie
  • Perte de motivation, même pour des activités plaisantes (on parle alors d’anhédonie)
  • Troubles du sommeil et de l’appétit
  • Ralentissement psychomoteur
  • Réponse limitée aux antidépresseurs classiques

L’étude ASPIRE : vers une psychiatrie de précision

Les précédents essais cliniques évaluant l’efficacité des anti-inflammatoires dans le traitement de la dépression ont donné des résultats mitigés, probablement parce que ces études ne prenaient pas en compte le niveau d’inflammation des patients. 

L’étude ASPIRE cherche précisément à mieux identifier les patients susceptibles de répondre aux traitements anti-inflammatoires dans la dépression, en s’appuyant sur des biomarqueurs présents dans le sang. Par exemple, des travaux récents [2] ont montré que les patients ayant une CRP (protéine C-réactive) supérieure à 3 mg/L répondent mieux à certains traitements anti-inflammatoires comme la minocycline ou l’infliximab, notamment pour les symptômes d’anhédonie (perte de plaisir).

L’objectif d’ASPIRE est ambitieux :

  1. Regrouper et analyser toutes les données disponibles provenant d’essais cliniques déjà réalisés ou en cours sur les anti-inflammatoires dans la dépression.
  2. Réexaminer les marqueurs sanguins et d’imagerie cérébrale pour obtenir une vision globale, solide et statistiquement fiable des biomarqueurs liés à l’inflammation chez les personnes dépressives.
  3. A partir de ces données, développer un algorithme prédictif grâce à l’intelligence artificielle, pour permettre aux médecins d’identifier plus rapidement quel anti-inflammatoire serait le plus efficace pour chaque patient.

Le projet inclut une phase d’essai clinique pour tester cette approche, et donne une place importante à l’avis des personnes concernées. À terme, ASPIRE pourrait accélérer la prise en charge des patients et réduire l’impact global de la dépression, aujourd’hui première cause d’incapacité dans le monde.

Notre ambition est de faire entrer la psychiatrie dans l’ère de la médecine personnalisée. Plutôt que de proposer le même traitement à tous, nous voulons trouver celui qui correspond vraiment au profil biologique de chaque patient. 

Carmine M. Pariante, Professeur de psychiatrie biologique à l’Institut de psychiatrie, de psychologie et de neurosciences du King’s College London, responsable principal de l’étude ASPIRE

L’inflammation est désormais reconnue comme un facteur clé dans la prise en charge de certaines formes de dépression. Identifier les patients concernés permettra de proposer des traitements plus ciblés, plus rapides et plus efficaces.

Marion Leboyer, professeure de psychiatrie (UPEC, Inserm, AP-HP), directrice générale de la Fondation FondaMental, directrice scientifique du Programme français de recherche en psychiatrie de précision (France 2030) et coordinatrice française pour le projet ASPIRE

À propos du King’s College London et de l’Institute of Psychiatry, Psychology & Neuroscience

King’s College London compte parmi les 35 meilleures universités au monde et les 10 meilleures en Europe (THE World University Rankings 2023), et figure parmi les plus anciennes et prestigieuses universités d’Angleterre. Avec une réputation exceptionnelle pour la qualité de son enseignement et l’excellence de sa recherche, King’s a conservé la sixième place au Royaume-Uni pour sa « puissance de recherche » (Research Excellence Framework 2021).

King’s accueille plus de 33 000 étudiants (dont plus de 12 800 postgraduates) issus d’environ 150 pays, ainsi qu’environ 8 500 membres du personnel. L’Institute of Psychiatry, Psychology & Neuroscience (IoPPN) de King’s est un centre de référence en Europe pour la recherche en santé mentale et en neurosciences. Il produit davantage de publications fortement citées (top 1 % des citations) en psychiatrie et santé mentale que tout autre centre (SciVal 2021), et selon ce critère, il est passé de la 16e place mondiale (2014) à la 4e (2021) pour les publications en neurosciences les plus citées.

Dans le Research Excellence Framework (REF) 2021, 90 % des travaux de recherche de l’IoPPN ont été jugés « de niveau mondial » ou « d’excellence internationale » (3* et 4*). Les recherches de pointe menées à l’IoPPN ont eu, et continuent d’avoir, un impact majeur sur notre compréhension, la prévention et le traitement des maladies mentales, des affections neurologiques et d’autres pathologies touchant le cerveau.

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Contact Presse : 

Mathilde Couderc – mathilde.couderc@agence-constance.fr – 07 57 68 30 62

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Sources : 

[1] Anti-inflammatories for depression: challenges and ASPIRations - The Lancet Psychiatry

[2] Augmentation therapy with minocycline in treatment-resistant depression patients with low-grade peripheral inflammation: results from a double-blind randomised clinical trial - PubMed

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