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Agir aujourd'hui pour les plus jeunes

Publié le 13 mars 2015

Les maladies mentales sont sur le devant de la scène au mois de mars: la 26ème édition des Semaines d’information sur la santé mentale est dédiée cette année à la période charnière de l’adolescence et la Journée mondiale des troubles bipolaires ouvre sa première édition en France. Occasion de lever le voile sur ces maladies taboues, qui sont stigmatisées et restent encore associées à la peur ou la méfiance.

 

Un enjeu majeur de santé publique…

L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) retient cinq maladies mentales parmi les dix pathologies majeures du XXIe siècle: la schizophrénie, les troubles bipolaires, les dépressions, les addictions et les troubles obsessionnels compulsifs. Souvent chroniques et sources de handicaps majeurs, elles se traduisent par une désinsertion sociale, familiale et professionnelle et entraînent une réduction de 10 à 20 ans de l’espérance de vie des personnes qui en sont atteintes. De quoi rappeler l’importance de l’enjeu.

La méconnaissance qui entoure leurs causes et leur fonctionnement a longtemps influencé leur perception par le grand public. Considérées comme des maladies à part, circonscrites à la «folie», «l’aliénation» ou la «démence», elles sont restées trop longtemps en marge des progrès de la recherche scientifique et thérapeutique. Aujourd’hui, pourtant, les récentes avancées de la science plaident en faveur d’une lecture nouvelle des maladies psychiatriques.

… qui frappe les plus jeunes

A l’instar des maladies somatiques, leur origine est à chercher à la croisée de facteurs de vulnérabilité génétique et de facteurs environnementaux complexes (infections précoces, complications obstétricales, traumatismes majeurs dans l’enfance, événements de vie stressants et répétés, vie en milieu urbain, migration, consommation de substances toxiques, etc.). Avec un pic d’apparition entre 15 et 25 ans (avant l’âge de trois ans dans le cas de l’autisme), les maladies psychiatriques sévères posent avec acuité la question du repérage des signes d’alerte, de l’accès aux soins et au diagnostic, à une période de la vie souvent marquée par le mal-être, le stress, les troubles du comportement, voire les conduites suicidaires. Lorsque que l’on sait que les cinq premières années de la maladie sont considérées comme une phase critique au cours de laquelle les chances de rémission sont les plus grandes et la réponse aux traitements la meilleure, l’enjeu est loin d’être dérisoire.

Les cinq premières années de la maladie sont considérées comme une phase critique au cours de laquelle les chances de rémission sont les plus grandes et la réponse aux traitements la meilleure.

Soutenir la recherche en psychiatrie pour améliorer la prévention

Pour améliorer nos stratégies d’action (dépistage, diagnostic et traitement), et offrir aux personnes concernées et à leur entourage une qualité de vie meilleure, la France doit apporter un soutien accru à la recherche en psychiatrie, ainsi que le recommandait l’étude parue en octobre dernier Prévention des maladies psychiatriques: pour en finir avec le retard français*. Gage du transfert rapide des connaissances scientifiques au bénéfice des patients, la collaboration des médecins et des chercheurs doit être un élément central de la politique de recherche et de santé en psychiatrie en favorisant le développement de structures articulant soin et recherche. Un tel effort public aurait plusieurs avantages: contribuer au développement de nouvelles thérapies plus efficaces, mais également modifier l’image négative de ces pathologies et favoriser l’accès aux soins. C’est à cette condition qu’une politique de prévention en psychiatrie se développera et permettra de réduire l’impact humain, mais aussi social des maladies mentales.

Cette tribune est cosignée par:

  • Pr Bruno Aouizerate, psychiatre au CHS Charles Perrens à Bordeaux
  • Pr Frank Bellivier, psychiatre aux Hôpitaux Saint-Louis Lariboisière Fernand Widal
  • Pr Philippe Courtet, psychiatre au CHRU de Montpellier
  • Pr Richard Delorme, psychiatre à l’Hôpital Robert Debré
  • Pr Emmanuel Haffen, psychiatre au CHRU de Besançon  
  • Pr Chantal Henry, psychiatre aux Hôpitaux universitaires Henri Mondor
  • Pr Marion Leboyer, psychiatre aux Hôpitaux universitaires Henri Mondor
  • Pr Pierre-Michel Llorca, psychiatre au CHRU de Clermont-Ferrand
  • Pr Luc Mallet, psychiatre aux Hôpitaux universitaires Henri Mondor
  • Pr Antoine Pelissolo, psychiatre aux Hôpitaux universitaires Henri Mondor


Ils collaborent au sein de la Fondation FondaMental.
 
 

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