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Les hospitalisations pour tentative de suicide pendant le premier confinement en France

Publié le 11 avril 2021

Étudier le lien entre la pandémie et les tentatives de suicide

En mars 2020, les mesures du confinement ont contraint la population française à l’isolement social pendant une période prolongée. Certains experts ont dès lors alerté sur l’impact psychologique du confinement, qui a fortement aggravé le sentiment de solitude, lui-même identifié comme un facteur de risque suicidaire.

Les données concernant le taux de mortalité par suicide pendant cette période ne sont pas encore assez précises et, à ce jour, peu d’études ont analysé l’effet du confinement sur un échantillon large et représentatif.

En s’appuyant sur la base de données nationale sur les sorties d’hôpital, des chercheurs du CHRU de Montpellier ont, dans un premier temps, identifié le nombre d’hospitalisations pour tentative de suicide pendant la période du confinement ainsi que pendant les 56 jours précédant et suivant le confinement et des périodes similaires en 2019. Ils ont aussi évalué la proportion de gestes sévères, le taux de mortalité hospitalière, les tranches d’âge et le sexe les plus touchés. 

Une baisse générale des tentatives de suicide pendant le confinement

Pour la période du premier confinement, 10 400 hospitalisations pour tentative de suicide ont été recensées, soit une réduction significative du nombre global des tentatives de suicide pendant le confinement. Les tentatives dites « non-sévères » (c’est-à-dire ne requérant pas de soins intensifs) étaient les plus fréquentes, soit près de 79% des cas.

Les autres chiffres montrent que : 

  • La réduction s’explique principalement par une diminution du nombre de tentatives de suicide non-sévères, par rapport à la période précédant le confinement et aux mêmes périodes en 2019 ;
  • Le pourcentage de tentatives de suicide chez les femmes et les moins de 30 ans a également diminué ;

Ces résultats correspondent avec la baisse observée dans les autres pays pendant les périodes de confinement. D’après les auteurs, cette diminution pourrait s’expliquer selon plusieurs facteurs :

  • Le sentiment collectif d’entraide, observé pendant les périodes de crise nationale ;
  • L’adaptation à une nouvelle forme de travail (télétravail, diminution des heures) ;
  • Les aides financières.

Le nombre de cas sévères demeure préoccupant 

En comparaison à ces chiffres, le nombre de tentatives de suicide sévères, ainsi que les décès liés pendant l’hospitalisation, sont restés relativement stables. Par conséquent, la proportion des passages à l’acte sévères était plus importante lors du confinement.

Le Pr Philippe Courtet indique ainsi que « cet écart pourrait s’expliquer par la non-hospitalisation des cas de tentatives de suicide non-sévères en raison de l’accès limité aux urgences, contrairement aux tentatives les plus graves. (1)»

Une autre hypothèse suggère que le contexte psychosocial a plus fortement impacté les personnes ayant commis une tentative de suicide sévère et qui de fait présentent une psychopathologie plus grave.

« La prévention du suicide doit rester une priorité car le nombre des tentatives de suicide sévères n’a pas changé, ce qui pourrait conduire à une augmentation du taux de suicide pendant la pandémie COVID-19 », indique le Dr Emilie Olié. « Des études supplémentaires sont nécessaires pour identifier l’impact à long terme de la pandémie de COVID-19 sur le risque de suicide en raison de ses conséquences psychosociales et des séquelles neuropsychiatriques attendues. »

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(1) GÓMEZ-RAMIRO M, FICO G, ANMELLA G, et al. Changing trends in psychiatric emergency service admissions during the COVID-19 outbreak: Report from a worldwide epicentre. J Affect Disord. 2020 Dec 27;282:26-32

Source : Emilie Olié, Erika Nogue, Marie-Christine Picot et Philippe Courtet. // Acta Psychiatrica Scandinavica // Hospitalizations for suicide attempt during the first COVID-19 lockdown in France

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