Dans près de 6 articles de presse généraliste sur 10, le terme «schizophrénie» est employé pour désigner tout autre chose que la pathologie, généralement dans le sens de «contradiction», «ambivalence», «double discours» etc. (Rappelons que la schizophrénie ne se caractérise PAS par un dédoublement de la personnalité).
L’association PromesseS, membre du collectif Schizophrénies, a publié la première étude réalisée en France sur la représentation de la schizophrénie dans les médias.
Le constat est sans appel :
Non seulement le traitement médiatique français est largement insuffisant et inadapté :
- information médicale quasi inexistante (terme présent sur 2038 articles, dont 1% seulement d’articles vraiment dédiés !)
- corrélation constante du terme avec des idées fausses (violence, dédoublement, absence d’espoir, etc…),
Mais il présente en outre d’étonnantes spécificités nationales :
- référence à la maladie avant tout dans les articles culturels (56%) et sur un mode caricatural
- usage métaphorique débridé, déclinant à l’infini l’image du double, beaucoup plus important que l’usage médical (près de 6 articles sur 10)
- dérive forte de cet usage métaphorique, vers un sens diamétralement opposé à la réalité médicale : celui de la manipulation.
Ce constat explique peut-être, au moins en partie, pourquoi la France se classe parmi les pays du monde qui stigmatisent le plus les patients atteints de schizophrénie (1).
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(1) Etude internationale Thornicroft, Lancet 2009 avec la WPA (Fédération Mondiale de la Psychiatrie); La France se situe parmi les pays plus stigmatisants des 27 étudiés, loin et même très loin derrière tous les grands pays européens