texte alternatif
Actualité

Lien biologique entre infection de Covid-19 et survenue de symptômes psychiatriques à long terme

Publié le 6 juillet 2021

Un possible lien biologique entre l’infection de Covid 19 et la survenue de symptômes psychiatriques à long terme

GeNeuro a présenté de nouvelles données lors des premières « Journées Neurosciences Psychiatrie et Neurologie » les 1er et 2 juillet à Paris, porte Maillot, montrant que la symptomatologie neuropsychiatrique observée chez les patients atteints de syndromes « post-COVID » pourrait être due à l’activation de l’expression de HERV-W ENV par la COVID-19 chez ces personnes, et à sa persistance longtemps après la phase aiguë.

Ces données soutiennent une hypothèse biologique qui pourrait expliquer pourquoi tant de patients COVID-19 développent des symptômes neurologiques et psychiatriques à long terme, et qui peut ouvrir la porte à une intervention thérapeutique avec le temelimab contre HERV-W ENV

 

Selon des études récentes à grande échelle, plus de  20% des personnes infectées par le SARS-CoV-2 ne se rétablissent pas complètement et/ou développent de nouveaux symptômes, avec une forte proportion d’affections cognitives ou psychiatriques.

Il convient de noter que dans plus de 90%  des cas, les symptômes initiaux du COVID-19 n’étaient pas suffisamment graves pour justifier une hospitalisation. Avec plus de 176 millions de cas confirmés de COVID-19 dans le monde , dont plus de 80 millions aux Etats-Unis et en Europe, ce problème est désormais reconnu comme une urgence de santé publique majeure, car il pourrait toucher des millions de personnes.

« Nous sommes confrontés à une vague d’épisodes dépressifs et de troubles cognitifs survenant parfois plusieurs mois après une infection par la Covid-19 indépendamment de la sévérité de leur phase aiguë », a déclaré le Pr. Marion Leboyer, directeur du département de psychiatrie des Hôpitaux Universitaires Henri Mondor (‹Université Paris Est Créteil) et directrice de la Fondation FondaMental. « Des publications précédentes ont établi un lien entre la survenue de troubles psychotiques chez des patients porteurs de marqueurs d’inflammation et de la protéine d’enveloppe du rétrovirus humain endogène (HERV-W ENV). Enfin, des données encore préliminaires ont mis en évidence une augmentation importante des taux de cette protéine HERV-W ENV chez des patients présentant en période post-COVID des symptômes neuropsychiatriques. Cette découverte, que nous allons tester sur une vaste cohorte d’échantillons de patients, pourrait être un élément clé pour comprendre le problème et ouvrir des options de traitement ». 

Des publications récentes ont montré que l’expression de HERV-W ENV était déclenchée par le SARS-CoV-2 in vitro dans les globules blancs d’environ 20% des donneurs sains, suggérant une susceptibilité individuelle. Cette protéine a aussi été détectée dans le sang de patients COVID-19 hospitalisés où la quantité d’expression dans les lymphocytes était associée à la gravité d’évolution de la maladie. 

Les données présentées par le Dr. Hervé Perron CSO de GeNeuro lors de ce congrès, révèlent que lors d’une infection par la COVID-19, l’expression de HERV-W ENV peut également être déclenchée dans le cerveau, spécifiquement dans les cellules microgliales qui  sont aussi des cellules de l’immunité innée résidant dans le cerveau.

L’expression de HERV-W ENV dans cet organe n’avait jusque-là été observée que dans le contexte de maladies neurologiques chroniques telles que la sclérose en plaques ou certaines formes inflammatoires de schizophrénie, où elle alimente l’inflammation locale et des mécanismes neurodégénératifs.

Dans les suites de la COVID-19, la persistance de la présence de HERV-W ENV a également été observée dans le sang suite à l’analyse de données préliminaires de patients souffrant de troubles dépressifs et/ou cognitifs post-COVID

Le temelimab contre HERV-W ENV : une piste thérapeutique prometteuse

Sous l’égide et avec le financement de la Fondation FondaMental, le Pr. Leboyer a fédéré de prestigieux hôpitaux universitaires de neuropsychiatrie en France, en Belgique et en Italie pour rassembler une cohorte de plus de 300 échantillons de patients présentant des troubles neuropsychiatriques post-COVID qui seront analysés cet été pour la mesure de HERV-W ENV et des biomarqueurs inflammatoires au laboratoire INSERM «We-Met» de l’Université de Toulouse. « Notre objectif est de quantifier plus précisément le lien entre ces biomarqueurs et les troubles dépressifs et cognitifs dont souffrent les patients post-COVID, afin d’ouvrir la voie à ce qui serait l’une des premières approches diagnostiques et thérapeutiques dans cette indication », a déclaré le Pr. Leboyer. 

Le candidat médicament le plus avancé de GeNeuro, le temelimab, a été développé pour neutraliser le HERV-W ENV et pourrait offrir une première option thérapeutique pour les patients affectés par les syndromes neuropsychiatriques post-COVID. Le temelimab a montré des résultats très prometteurs dans les essais de phase II contre les marqueurs IRM de la neurodégénérescence dans la SEP, avec une excellente tolérance et sécurité sur plus de 200 patients traités pendant 2 ans ou plus.

« Le post-COVID apparaît comme un problème majeur de santé à l’échelle mondiale après l’infection par la COVID-19 », a déclaré Jesús Martin-Garcia, PDG de GeNeuro. « Nous remercions le Professeur Leboyer et ses partenaires académiques pour leur réaction rapide, généreuse et approfondie face à la crise post-COVID et si, comme nous l’attendons, l’analyse de ces grandes cohortes confirme le résultat des études pilotes, nous nous engageons à mener un essai clinique avec ces partenaires pour offrir aux patients une option thérapeutique contre ces affections très invalidantes ». 

Références :

Faites un don

Donnez aux chercheurs les moyens d’agir pour la recherche en psychiatrie, faites un don à la Fondation FondaMental

Je donne