Troubles bipolaires et immunité

Le Pr Marion Leboyer est professeur de psychiatrie à l’université Paris Est Créteil, responsable du pôle de Psychiatrie des Hôpitaux universitaires Henri Mondor et directrice d’une équipe Inserm en psychiatrie translationnelle. Depuis 2007, elle dirige la Fondation FondaMental. Ses travaux les plus récents explorent les voies immuno-inflammatoires impliquées dans les troubles psychiatriques.

Elle fait le point sur les résultats les plus prometteurs et les perspectives thérapeutiques que font espérer les résultats sur les anomalies immunitaires observées dans les troubles bipolaires.


 

Désordres immunitaires et troubles bipolaires

Depuis quelques années, une littérature abondante a clairement démontré la présence d’anomalies immuno-inflammatoires associées aux différents stades d’évolution des troubles bipolaires. L’ensemble  de ces travaux suggèrent fortement que des dysfonctionnements de la réponse immunitaire et inflammatoire pourraient être à l’origine de la maladie ou participer à son développement.

De nombreux travaux rapportent, en effet, un lien entre la survenue d’infections survenant très tôt au cours de la vie et la survenue des troubles bipolaires. Des travaux en épidémiologie montrent notamment que les grandes pandémies infectieuses (grippe) sont souvent associées à une recrudescence des cas troubles bipolaires et de schizophrénie. On observe également une prévalence plus élevée d’infections au parasite de la toxoplasmose chez les patients atteints de troubles bipolaires qu’en population générale.

Des travaux génétiques suggèrent que les patients bipolaires auraient un terrain génétique qui les empêcherait de répondre avec efficacité à des évènements comme les infections ou les stress sévères. Ainsi, ces interactions entre des facteurs génétiques et des facteurs environnementaux seraient à l’origine de la cascade immuno-inflammatoire responsable du déclenchement d’un trouble bipolaire. Des études suggèrent qu’elles expliqueraient également la survenue de pathologies souvent associées aux troubles bipolaires, comme les maladies auto-immunes, le diabète, les maladies cardio-vasculaires ou métaboliques (dont l’origine immunologique a été clairement démontrée).

Comprendre les mécanismes immunologiques impliqués dans les troubles bipolaires est un enjeu de premier plan pour mieux comprendre, mieux diagnostiquer et mieux soigner la maladie. Pr Marion Leboyer

Identification de nouvelles voies biologiques?

Afin de mieux connaître les particularités du système immunitaire dans les troubles bipolaires, les chercheurs explorent plusieurs types de marqueurs de l’immunité: les marqueurs de l’inflammation (cytokines), les caractéristiques des cellules immunitaires, la présence d’auto-anticorps ou d’anomalie de la barrière digestive, mais aussi le terrain immunogénétique.

Ces travaux s’intéressent par exemple au patrimoine génétique qui régule l’immunité innée et adaptative. Les objectifs sont : 

  • d’identifier les variant qui pourraient rendre certaines personnes plus fragiles à l’exposition à des infections précoces ou à des stress sévères;
  • de caractériser l’interaction entre les facteurs environnementaux et le terrain génétique qui détermine la réponse immunitaire innée et acquise .

L’exploration de ces hypothèses doit se poursuivre mais les premiers résultats sont porteurs d’espoirs et permettront, s’ils sont validés, de:

  • mieux caractériser la maladie en distinguant des sous-groupes homogènes de patients bipolaires;
  • identifier des biomarqueurs susceptibles de permettre le développement de tests diagnostiques et pronostiques;
  • explorer l’efficacité de nouvelles stratégies thérapeutiques.

La voie immuno-inflammatoire propose une approche nouvelle des troubles bipolaires, qui en fait une maladie comme les autres et ouvre la voie à de nouvelles stratégies diagnostiques et thérapeutiques. Pr Marion Leboyer
 

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