Troubles bipolaires, l'enjeu du diagnostic précoce

Les effets dévastateurs du retard au diagnostic

Pourquoi les troubles bipolaires sont difficiles à diagnostiquer?

Les troubles bipolaires sont des maladies difficiles à détecter et les erreurs de diagnostic sont fréquentes: on les confond avec la dépression, les troubles anxieux, les addictions ou encore les troubles de la personnalité.

Plusieurs raisons à cela:

  • La dépression est le symptôme qui s’exprime en premier lieu dans un grand nombre de cas et favorise un surdiagnostic de dépression.
  • Le début des états maniaques est généralement jugé plaisant par les patients et ne conduit pas à une demande d’aide.
  • Dans certains cas, les troubles du comportements ou l’apparition de symptômes psychotiques peut conduire également à une confusion avec la schizophrénie.
  • L’abus de toxiques, qui constitue une comorbidité importante des troubles bipolaires, peut masquer les autres symptômes et induire un diagnostic d’addiction.

Enfin, la survenue des troubles bipolaires à l’adolescence, à un âge où les variations de l’humeur sont perçues comme normales, explique le retard de l’accès aux soins.

Annie Labbé, atteinte de troubles bipolaires et présidente de l’association Argos 2001, rappelle: «Le retard de diagnostic et l’absence de prévention sont la règle et conduisent à des prises en charge inadaptées qui font courir un grave danger aux malades. Cela est surtout vrai dans le cadre des troubles bipolaires mixtes, plus difficiles à identifier. Pendant 20 ans, j’ai été soignée pour dépression mélancolique pour laquelle on me prescrivait des antidépresseurs, très fortement déconseillés pour les personnes bipolaires».

Accepter le diagnostic, un parcours semé d’embuches pour les patients

L’annonce du diagnostic intervient souvent après plusieurs années difficiles et l’acceptation de la maladie est un processus lent.

Dans la majorité des cas, le diagnostic est «inacceptable» et n’est pas «entendu» ou «retenu» par le patient. Cette difficulté à accepter le diagnostic est préjudiciable à la mise en place d’une stratégie de soins. Dr Alain Gérard, psychiatre libéral

Emilie Guillon, auteur de la BD Journal d’une bipolaire (éditions La Boîte à Bulles), raconte: «J’ai été à la fois soulagée et en colère. Soulagée car j’avais enfin une explication à mes maux et en colère parce que les médecins qui m’avaient suivie jusque là refusaient de poser un diagnostic au motif que cela risquait de « m’enfermer » dans la maladie. Le paradoxe c’est aussi qu’avec un diagnostic, on devient « malade ». Il a fallu que j’accepte cette idée du « ça y est, c’est pour la vie ». Il faut aussi accepter de mener une vie réglée, pépère, de prendre son traitement tous les jours. Cela paraît simple mais ça ne l’est pas. Il faut réapprendre à vivre autrement.»

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