Point recherche FondaMental : Baptiste PIGNON
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Antipsychotiques : quel impact sur le rythme cardiaque ? 

Publié le 22 juillet 2025

Baptiste Pignon 

Psychiatre à l’hôpital Albert-Chenevier (AP-HP) à Créteil et membre de l’Alliance FondaMental.  

L’impact des antipsychotiques sur l’intervalle QT  

Les antipsychotiques sont les principaux traitements de la schizophrénie. Ils sont connus pour avoir des effets indésirables cardiologiques, notamment l’augmentation de l’intervalle QT, c’est-à-dire la durée d’un cycle d’activité électrique des ventricules cardiaques, mesurée lors d’un électrocardiogramme (ECG). Cette augmentation est à risque de troubles graves du rythme cardiaque.  

Notre étude, menée à partir des données de la cohorte nationale FACE-SZ de la Fondation FondaMental regroupant près de 800 patients suivis dans 12 Centres Experts Schizophrénie, visait à comparer les effets de 7 antipsychotiques de fond sur la durée de l’intervalle QT. Les traitements étudiés incluent 6 antipsychotiques de deuxième génération (aripiprazole, clozapine, amisulpride, olanzapine, quetiapine, risperidone) et un de première génération (halopéridol). L’analyse a été ajustée sur des facteurs cliniques et biologiques pertinents : âge, sexe, indice de masse corporel (IMC), statut tabagique, kaliémie (concentration de potassium dans le sang), observance au traitement, et co-prescription d’un médicament allongeant le QT. 

La clozapine associée à une augmentation du QTc 

Les résultats montrent que la clozapine, plus que les autres antipsychotiques, est associée à une augmentation significative du QTc (415 millisecondes en moyenne), avec une relation directe observée entre la dose et l’effet. A l’inverse, l’aripiprazole présente le QTc le plus court (400 millisecondes en moyenne). Les autres antipsychotiques étudiés n’étaient pas associés à des modifications significatives du QTc dans les modèles multivariés (toujours en comparant les antipsychotiques entre eux).  

Des facteurs comme l’IMC, une kaliémie plus basse, le non-tabagisme et le sexe masculin étaient également associés à un allongement du QTc. 

Cette étude apporte une contribution originale en s’appuyant sur des données de vie réelle, issues d’un large échantillon incluant des patients avec comorbidités, suivis de façon prolongée et pour lesquels l’observance au traitement a pu être mesurée. À ce jour, peu d’études ont comparé les antipsychotiques entre eux dans ces conditions cliniques. 

Vers une psychiatrie de précision  

Ces résultats rappellent l’importance d’une surveillance électrocardiographique régulière chez les patients sous antipsychotiques, notamment en cas de prescription de clozapine. Le choix de l’antipsychotique de fond peut ainsi intégrer le risque cardiologique individuel, en particulier chez les patients présentant d’autres facteurs de risque cardiaque. Dans ce contexte, l’aripiprazole pourrait représenter une option plus sûre en termes de tolérance cardiaque. 

Toutefois, il convient de toujours évaluer la balance bénéfice-risque de chaque traitement. Certains antipsychotiques, malgré leurs effets indésirables potentiels, restent essentiels, notamment pour les patients résistants aux autres options. La décision thérapeutique doit être personnalisée afin d’optimiser la sécurité et l’efficacité du traitement. 

C’est tout l’enjeu de la psychiatrie de précision, qui vise à offrir le bon traitement pour chaque patient en tenant compte de ses caractéristiques cliniques, biologiques et environnementales. La Fondation FondaMental s’engage activement dans le transfert de ces connaissances vers les professionnels de santé, pour favoriser une prise en charge personnalisée et améliorer la qualité des soins grâce aux avancées de la recherche. 

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