Défendons la science, l’innovation et la recherche en psychiatrie
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Défendons la science, l’innovation et la recherche en psychiatrie

Publié le 1 octobre 2025

Depuis plusieurs mois, la recherche en psychiatrie fait les frais d’attaques relayées jusque dans les plus grands médias. Ces campagnes fragilisent une discipline déjà trop souvent dévalorisée, alors qu’elle devrait être considérée comme une priorité de santé publique. Est-il nécessaire de rappeler que les maladies mentales figurent parmi les pathologies les plus complexes et invalidantes, touchant plus d’un milliard de personnes dans le monde selon l’OMS ?

Oui, le débat scientifique est nécessaire et légitime, mais il doit reposer sur des preuves et non sur une remise en cause des objectifs de la recherche elle-même. Car derrière ces attaques, ce ne sont pas seulement des idées qui sont en jeu : c’est la possibilité de progrès concrets pour les patients.

La psychiatrie, comme toutes les disciplines médicales, se doit d’explorer la multiplicité des facteurs impliqués dans les maladies : biologiques, environnementaux, sociaux. La Fondation Fondamental reconnaît pleinement l’importance de la précarité, du niveau socio-économique, des traumatismes ou encore de la pollution comme facteurs de risque. Elle travaille d’ailleurs activement sur ces dimensions. Mais elle a aussi pour mission essentielle de contribuer à améliorer les outils diagnostiques, et de chercher de nouvelles stratégies thérapeutiques, car l’urgence en santé mentale est immense. 

Dans toutes les autres spécialités médicales, ces deux approches — prévention et innovation thérapeutique — avancent de concert. Personne n’oppose la lutte contre le tabac et l’alcool au développement de nouvelles chimiothérapies pour les cancers, ni les travaux sur les facteurs de risque cardiovasculaires à la recherche sur les cœurs artificiels. Pourquoi la psychiatrie devrait-elle être la seule discipline où l’on demanderait de choisir entre agir sur les facteurs sociaux et développer des thérapies innovantes ?

La recherche en psychiatrie avance chaque jour, patiemment, minutieusement. Ces connaissances sont indispensables pour améliorer le diagnostic, développer des traitements innovants et proposer des accompagnements adaptés. Certaines de ces avancées fondamentales se traduisent déjà en outils cliniques concrets : ainsi, l’imagerie cérébrale permet de mieux identifier les zones du cerveau impliquées dans certaines pathologies comme les dépressions résistantes, que la neuromodulation peut alors cibler et traiter avec succès, là où ni les traitements médicamenteux ni les thérapies classiques n’avaient d’effet. Ces techniques, combinées aux marqueurs biologiques, ouvrent la voie à une médecine personnalisée en psychiatrie. 

Comme en cancérologie ces vingt dernières années, ces innovations pourraient transformer les soins et améliorer radicalement la qualité de vie des patients. Il ne s’agit pas de remplacer les soins psychothérapeutiques ni l’accompagnement social, mais au contraire de les compléter et de les renforcer. La relation humaine reste au cœur de la prise en charge, mais elle doit pouvoir s’appuyer sur des outils thérapeutiques modernes. Refuser ce progrès, c’est accepter que la psychiatrie reste en marge des grandes révolutions médicales.

Premiers concernés, les patients et leurs proches jouent un rôle actif dans la recherche en psychiatrie : participation aux cohortes, conseils de patients, co-conception des projets de recherche… Leur implication garantit que la science réponde à leurs besoins réels. Attaquer la recherche en psychiatrie, c’est les fragiliser, retarder leurs perspectives de soins et renforcer la stigmatisation qui entoure encore trop ces maladies.

Enfin, pour que ces découvertes bénéficient réellement aux patients, la recherche en psychiatrie a besoin d’un soutien fort et durable, reposant sur des financements publics comme privés. Sans cette stabilité, les innovations risquent de rester lettre morte et les patients seront privés de solutions concrètes. 

Chercheurs, soignants, patients, institutions publiques et entreprises : nous avançons ensemble pour renforcer les connaissances, améliorer la qualité des soins et favoriser l’innovation thérapeutique. Cet effort collectif repose sur une conviction simple et forte : la psychiatrie n’a pas besoin de polémiques, elle a besoin de science. Elle se construit avec méthode, preuves et débat contradictoire. C’est cette exigence qui protège les patients, éclaire les pratiques cliniques et permet à la psychiatrie de progresser au service de toute la société.

Anouck Amestoy, Professeur des Universités-Praticien Hospitalier-Pédopsychiatre au CH Charles Perrens, Responsable filière TND, PUPEA, Coordonnateur Centre Ressources Autisme (CRA) Aquitaine

Bruno Aouizerate, Professeur de Psychiatrie, Chef de Service de Psychiatrie, Responsable de la filière «Pathologies complexes et résistantes», Centre Hospitalier Charles Perrens

Delphine Capdevielle, Cheffe du Pôle Universitaire de Psychiatrie Adulte, Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent et Addictologie, Hôpital la Colombière, CHU de Montpellier

Boris Chaumette, enseignant à l’Université Paris Cité, chercheur à l’Institut Pasteur et à l’INSERM et psychiatre au GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences

Jean-Christophe Chauvet-Gelinier, Chef du Service de Psychiatrie Adultes, CHU Dijon, INSERM U-1231 Center for Translational and Molecular medicine, Équipe PADYS - Université de Bourgogne

Philippe Courtet, Professeur de psychiatrie à l’Université de Montpellier, chef du service de psychiatrie d’urgence et de soins aigus au CHU de Montpellier, président de la section scientifique de l’EPA sur la suicidologie et la prévention du suicide

Clément Dondé, Professeur des Universités - Praticien Hospitalier, Université Grenoble Alpes, Chef de pôle au Centre Hospitalier Alpes-Isère

Caroline Dubertret, Chef du service de psychiatrie et addictologie Hôpital Louis-Mourier – AP-HP Nord-Université de Paris

Wissam El Hage, psychiatre au CHRU de Tours et professeur de psychiatrie adulte à l’Université de Tours, Responsable du Centre régional de psychotraumatologie Centre-Val-de-Loire, Directeur du CIC1415 Centre d’Investigation Clinique, Co-Directeur de l’équipe «Psychiatrie Neurofonctionnelle» de l’unité INSERM iBrain U1253

Sébastien Gard, Praticien Hospitalier - Pôle de Psychiatrie Générale et Universitaire, Centre Hospitalier Charles Perrens, Bordeaux

Emmanuel Haffen, psychiatre au CHU de Besançon et directeur du Laboratoire de Neurosciences Intégratives et Cliniques de Besançon

Jerôme Holtzmann, Praticien Hospitalier, Unité troubles de l’humeur et pathologies des émotions Pôle de psychiatrie, neurologie et rééducation neurologique au CHU de Grenoble

Charles Laïdi, praticien hospitalo-universitaire à l’Université Paris-Est Créteil, directeur de l’unité de stimulation cérébrale des Hôpitaux Universitaires Henri-Mondor, chercheur à l’Inserm

Marion Leboyer, professeur de psychiatrie – praticien hospitalier (UPEC), Directrice adjointe du DMU Adapt, Directrice du Laboratoire de Neuropsychiatrie Translationnelle (IMRB – Inserm U995), directrice générale de la Fondation FondaMental

Antoine Lefrere, psychiatre à l’AP-HM et chercheur à l’Institut de Neurosciences de La Timone

Pierre-Michel Llorca, Professeur de Psychiatrie à l’Université Clermont Auvergne, Responsable du service de Psychiatrie B au CHU de Clermont-Ferrand, directeur des soins de la Fondation FondaMental

Emilie Olié, Responsable de la Filière Troubles de l’Humeur et Emotionnels / Borderline du Département des Urgences et Post Urgences Psychiatriques du CHU Montpellier

Christine Passerieux, Professeur de Psychiatrie à Université de Versailles St Quentin en Yvelines - Praticien Hospitalier au Centre Hospitalier de Versailles

Baptiste Pignon, Professeur de psychiatrie – praticien hospitalier à l’hôpital Albert Chenevier (AP-HP)

Mircea Polosan, Professeur de Psychiatrie- Praticien Hospitalier, Chef de Service de Psychiatrie Adulte - CHU Grenoble Alpes Université Grenoble Alpes, chercheur à l’Institut des Neurosciences de Grenoble (INSERM U1216)

Romain Rey, psychiatre au Centre Hospitalier Le Vinatier – Psychiatrie Universitaire Lyon Métropole, maitre de conférences à l’université Claude Bernard Lyon 1

Raymund Schwan, Chef du pôle hospitalo-universitaire de psychiatrie d’adultes du Grand Nancy au Centre psychothérapique de Nancy (CPN)

Michel Walter, Chef du service hospitalo-universitaire de psychiatrie, CHU Brest

Antoine Yrondi, Chef du service de Psychiatrie et Psychologie Médicale-CHU Toulouse

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