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Point recherche du 23 janvier - Jasmina Mallet et Clément Dondé

Publié le 23 janvier 2024

« Les personnes avec un trouble schizophrénique et ayant des antécédents de trouble déficit d’attention avec ou sans hyperactivité doivent bénéficier de soins spécifiques »

Pr. Clément Dondé, médecin psychiatre (Université Grenoble Alpes), membre de l’Alliance FondaMental, et le Dr. Jasmina Mallet, médecin psychiatre (AP-HP), membre de l’Alliance FondaMental. 

Nous savons que les schizophrénies sont des troubles psychiatriques résultant d’une interaction entre certains gènes et des facteurs environnementaux. Cette interaction va entraîner une altération du neurodéveloppement et conduire à l’émergence du trouble au début de l’âge adulte. Or, certaines schizophrénies surviennent chez des personnes ayant présenté des troubles neurodéveloppementaux durant l’enfance, comme le trouble déficit d’attention ou sans hyperactivité (TDA/H). L’objectif de cette étude était d’identifier les caractéristiques cliniques des individus présentant à la fois une schizophrénie et des antécédents de TDA/H dans le but d’améliorer leurs soins dans une démarche de médecine de précision.

Sur les 569 participants ayant consulté dans le réseau des Centres Experts FondaMental Schizophrénie et ayant participé à l’étude, environ 7% rapportait avoir eu un TDA/H durant l’enfance. Les résultats sont sans appel : ces participants avaient de moins bons résultats à certains tests cognitifs que les participants avec schizophrénie sans TDA/H. Les performances cognitives mesurées au cours de ces tests étaient le traitement des informations visuelles, la rapidité motrice en situation d’écriture, l’efficacité du raisonnement, la mémoire, l’adaptation à la nouveauté et les capacités d’inhibition : des fonctions essentielles de notre cerveau qui nous permettent d’être en interaction avec notre environnement. L’intensité des symptômes psychotiques, du ressenti pénible des difficultés cognitives et de l’inobservance du traitement médicamenteux était également plus marquée chez les participants avec schizophrénie et antécédent de TDA/H. Ces différences restaient significatives entre les deux groupes après prise en compte de facteurs confondants comme l’âge, le sexe, le niveau d’éducation et la dose de médicaments antipsychotiques.

Les personnes avec un trouble schizophrénique et ayant des antécédents de TDA/H présentent donc des caractéristiques cliniques spécifiques qui doivent être prises en compte dans la recherche de précision en psychiatrie. Les résultats de la présente étude vont avoir une importance certaine pour contribuer au développement d’une psychiatrie personnalisée. En effet, l’identification précoce d’antécédents du TDA/H chez les personnes avec schizophrénie permettra de leur proposer des approches ciblant plus précisément les troubles cognitifs et les difficultés de fonctionnement dans la vie quotidienne. Des approches non médicamenteuses telles que la remédiation cognitive ciblée et des approches médicamenteuses innovantes sont à l’étude. Par exemple, la molécule N-acétyl-cystéine, un anti-oxydant et anti-inflammatoire, qui a récemment été reconnue comme efficace par une équipe d’experts internationaux dans les troubles cognitifs des schizophrénies, pourrait être particulièrement indiquée chez ces personnes.

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