Ariel Frajerman : Santé mentale des jeunes en France après la pandémie de COVID-19
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Santé mentale des jeunes en France après la pandémie de COVID-19

Publié le 11 décembre 2025

Ariel Frajerman, Docteur en psychiatrie et en neurobiologie, Praticien Hospitalier au GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences, chercheur associé à l’INSERM et à la Fondation FondaMental 

Santé mentale des jeunes en France après la pandémie de COVID-19 : résultats des sondages réalisés dans le cadre du projet QIM CASSANDRE (Question d’Intérêt Majeur) 

Nous avons réalisé cette étude, soutenue par la région Île-de-France dans le cadre d’une Question d’Intérêt Majeur (QIM), pour mieux suivre et évaluer la santé mentale des jeunes franciliens de 15 à 30 ans après la pandémie de COVID-19. Entre 2022 et 2024, nous avons ainsi pu recueillir des données récentes et fiables pour mieux comprendre leur situation et contribuer à améliorer leur accompagnement. 

Une dégradation de la santé mentale des jeunes 

Nous avons mené trois enquêtes auprès de personnes âgées de 18 à 30 ans, qui ont rassemblé 500 participants en décembre 2022, 990 en décembre 2023 et 1 648 en novembre 2024 (Île-de-France et autres régions). Nous avons cherché à savoir combien de jeunes présentaient des symptômes de dépression, d’anxiété ou des idées suicidaires. Nous avons également exploré leurs préoccupations sur des sujets qui les touchent au quotidien, tels que le pouvoir d’achat, l’emploi ou l’environnement. 

Les résultats montrent une dégradation nette et continue de la santé mentale des jeunes : 

  • Dépression : la proportion de jeunes présentant des symptômes dépressifs (PHQ-9 ≥10) est passée de 38 % en 2022 à 48 % en 2024.
  • Anxiété : la proportion de jeunes présentant des symptômes anxieux (GAD-7≥10) a également augmenté, de 29 % à 39 % sur la même période.
  • Idées suicidaires : environ 1 jeune sur 4 en avait eu en 2022, contre 1 sur 3 en 2024.

Autre observation marquante : malgré cette aggravation, la proportion de jeunes avec au moins un prescription de médicaments psychotropes (antidépresseurs, anxiolytiques…) sur les 12 derniers mois a légèrement diminué (21% en 2022 versus 17% en 2024). 

Il existe toujours un obstacle financier à l’accès aux soins, qui s’améliore toutefois, puisque le pourcentage de jeunes déclarant avoir renoncé à des soins psychiatriques pour des raisons économiques a diminué de moitié (33 % en 2023 contre 16 % en 2024).  

Des disparités selon l’âge et le genre 

L’étude souligne que : 

  • Les femmes sont plus touchées que les hommes, à tous les âges.
  • Les 18–24 ans présentent davantage de symptômes que les 25–30 ans.
  • La solitude (mesurée uniquement en 2024) touche 25% des jeunes et est le facteur le plus fortement associé aux troubles psychiatriques. 

L’enquête de 2024 a retrouvé une prévalence plus élevée du sentiment de solitude et du renoncement à des soins psychiatriques pour raisons économiques chez les jeunes d’Île-de-France comparé à ceux d’autres régions, mais pas de différence significative concernant les symptômes de dépression, d’anxiété ou d’idées suicidaires, ce qui suggère que ces données pourraient être généralisées à l’ensemble du pays.  

Un phénomène qui dépasse la pandémie 

Même si la crise sanitaire est terminée, la santé mentale des jeunes continue de se dégrader. Les taux de symptômes de dépression, d’anxiété et d’idées suicidaires restent très élevés et continuent d’augmenter. Cette tendance est également observée dans d’autres pays. Il est donc urgent de renforcer les moyens dédiés à la prévention, à la recherche et à l’accès aux soins pour ces jeunes adults

C’est pourquoi nous avons développé, avec la Région Île-de-France, la plateforme MyMood.fr. Elle permet aux jeunes de faire le point rapidement sur leur santé mentale, d’accéder à des ressources variées et d’être orientés vers des professionnels de santé près de chez eux.  

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