Point recherche FondaMental : Stéphane Jamain
Actualité

Troubles bipolaires : la plus grande étude génétique jamais menée dévoile des gènes clés pour personnaliser les traitements 

Publié le 13 juin 2025

Stéphane Jamain, Directeur de Recherche à l’Inserm et co-responsable de l’équipe de Neuropsychiatrie Translationnelle à l’Institut Mondor de Recherche Biomédicale (IMRB) à Créteil.  

Une étude internationale d’envergure    

Les facteurs génétiques sont connus pour jouer un rôle majeur dans le risque de développer un trouble bipolaire. On estime en effet que 60% à 80% du risque de développer la maladie pourrait provenir de différences génétiques entre les individus. Plusieurs études ont déjà été réalisées sur de très grandes cohortes, en comparant les personnes atteintes de troubles bipolaires à d’autres qui n’ont pas la maladie, et identifiant ainsi de nombreuses variations génétiques plus fréquentes chez les personnes malades.  

Cependant, la plupart des études ont jusqu’à présent été réalisées sur des populations d’origine européenne sans tenir compte de la diversité génétique des populations présentes sur d’autres continents. Or, la fréquence de ces variations génétiques varie entre les populations éloignées géographiquement.  

Au sein du consortium international Psychiatric Genomics Consortium Bipolar Disorder Working Group, regroupant 79 cohortes, nous avons réalisé la plus grande étude génétique jamais réalisée dans les troubles bipolaires en comparant plusieurs millions de variations génétiques entre plus de 158 000 patients avec un trouble bipolaire (dont des patients aujourd’hui suivis en Centre Expert FondaMental) et presque 2,8 millions de personnes non malades d’origine européenne, est-asiatique, afro- et latino-américaines.  

Identification de variations génétiques pouvant entraîner un risque sept fois supérieur de développer un trouble bipolaire  

Nous avons ainsi identifié 298 régions du génome (autrement dit le « code génétique ») dans lesquelles les variations génétiques étaient plus fréquentes chez les personnes atteintes d’un trouble bipolaire, dont au moins une spécifique pour les populations d’origine asiatique.  

L’étude des gènes identifiés dans ces régions met en lumière l’importance des synapses, les zones de communication entre les neurones, et de certains mécanismes biologiques, comme ceux impliquant la dopamine et le calcium, ou encore le développement des interneurones GABA (responsables de la régulation des « idées noires »).  

L’analyse combinée de l’ensemble des variations génétiques associées au trouble bipolaire dans ces cohortes a révélé que les individus porteurs d’un nombre élevé de ces variations génétiques présentent un risque de développer la maladie sept fois supérieur à ceux qui ont le moins de variations. Bien que ces données ne soient pas encore assez précises pour être utilisables à des fins de diagnostic dans la population générale, elles ont permis d’établir une liste de 36 gènes crédibles pour expliquer les troubles bipolaires.  

L’analyse de ces gènes a montré que 15 d’entre eux interagissent avec des traitements médicamenteux et pourraient servir de cible pour le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques ciblées. Ils pourraient également être utilisés comme biomarqueurs pour permettre de suivre l’évolution de la maladie et la réponse aux traitements de manière précise. Ces nouvelles données pourront améliorer la prise en charge des patients en nous permettant de mieux comprendre leur maladie et d’ainsi pouvoir adapter les traitements de chaque patient selon ses besoins.  

Faites un don

Donnez aux chercheurs les moyens d’agir pour la recherche en psychiatrie, faites un don à la Fondation FondaMental

Je donne