Le rétablissement pour 100% des patients

Reprendre du pouvoir sur sa vie

Le diagnostic d’un trouble psychiatrique est souvent vécu comme une condamnation. Maladies jugées incurables, les troubles psychiatriques charrient nombre d’idées reçues qui ont un impact délétère sur le pronostic de la maladie et la qualité de vie des patients.

« La politique d’accompagnement des personnes en souffrance psychique bute sur une vision dépassée du handicap, comme une déficience établie, immuable […]. Or le handicap psychique est évolutif et réversible. » Annick Hennion de la Fondation Falret , in « Psychiatrie, état d’urgence », Editions Fayard

Porté par des usagers de la psychiatrie et des soignants, un mouvement traverse la psychiatrie et questionne les prises en charge existantes en faisant la promotion d’un nouvel horizon pour les patients: le rétablissement. Il consiste en un changement radical de paradigme et s’appuie sur une affirmation majeure: il est possible de vivre une vie épanouie et riche de sens avec un trouble psychiatrique

« Dans le processus de rétablissement, il est essentiel de constituer sa personnalité indépendamment de la maladie mentale, parce qu’à partir du moment où vous ne faites plus qu’un avec la maladie, il n’y a plus personne à l’intérieur pour faire le travail de guérison. » Patricia Deegan qui se définit comme une  « survivor » de la schizophrénie

Dès lors, les prises en charge ou l’accompagnement proposés aux patients doivent viser cet objectif. Les soins de réhabilitation se sont développés pour répondre à cette ambition.

« La réhabilitation, c’est un ensemble d’outils, de techniques, de démarches, de parcours organisés. C’est une organisation, une offre de ressources, proposée par des professionnels, à l’écoute respectueuse des usagers. Mais c’est aussi, pourquoi ne pas le dire, autant qu’un soin, un militantisme. » Introduction du congrès de RéHAB, juin 2016, à Paris.

Ils peuvent se décliner à travers des ateliers de psychoéducation ou d’habiletés sociales, des thérapies cognitivo-comportementales ou encore le recours à des pairs-aidants. La pair-aidance repose sur le partage d’expérience, du vécu de la maladie et du parcours de rétablissement. En psychiatrie, cela prend plusieurs formes : la rencontre dans des groupes d’entraide mutuelle (GEM), la participation à des groupes de paroles au sein d’association d’usagers ou l’intégration de pairs-aidants bénévoles ou professionnels au sein des hôpitaux. 

« Dès l’annonce du diagnostic de schizophrénie, j’aborde le rétablissement avec le patient. (…). Je lui dis que 100% des personnes peuvent se rétablir, au sens existentiel du terme, malgré la persistance de certains symptômes ou de limitations fonctionnelles liées à la pathologie. Je lui propose de rencontrer un pair-aidant, s’il le souhaite, de la psychoéducation sur le rétablissement et je lui recommande des vidéos sur Youtube dans lesquelles des personnes rétablies partagent les étapes de leur propre rétablissement. » Dr Julien Dubreucq, in « Psychiatrie, état d’urgence », Editions Fayard, p395

L’ambition qui doit guider l’accompagnement est alors celle de permettre au patient de reprendre du pouvoir sur sa vie.

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* « Psychiatrie, état d’urgence » de Marion Leboyer et Pierre-Michel Llorca, Fondation FondaMental - Institut Montaigne, Editions Fayard, septembre 2018: 25 propositions pour sortir la psychiatrie de l’état d’urgence

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