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Pour une prévention des maladies mentales

Publié le 10 octobre 2014

Maladies mentales : il est urgent d’agir

Les maladies mentales constituent un sujet vaste qui se trouve à la croisée de problématiques nombreuses et essentielles pour notre pays : santé, éducation, emploi, logement…. Pourtant, marqué par la persistance des idées reçues et des tabous, cet enjeu majeur de santé publique et de société reste dramatiquement sous-estimé en France. Sous ce terme générique se cachent des pathologies complexes, hétérogènes et  sévères qui représentent aujourd’hui la deuxième cause d’arrêt de travail et la première cause d’invalidité selon les données de l’Assurance Maladie. Selon l’OMS, elles sont appelées à devenir la première cause mondiale de handicap à l’horizon 2020 !

De quoi parlons-nous ?

Les maladies mentales sont des maladies fréquentes : elles affectent plus d’une personne sur cinq chaque année. Parmi les plus graves se trouvent les dépressions, les troubles bipolaires, les schizophrénies et les troubles du spectre autistique. Ces maladies, souvent chroniques, frappent de plein fouet la jeunesse : à l’exception des troubles du spectre autistique, elles apparaissent très majoritairement entre 15 et 25 ans, grevant l’avenir de générations qui sont à l’aube de tous les possibles. Accès aux soins tardif, retard au diagnostic et aux traitements, complications médicales non traitées… Les constats sont accablants et leurs conséquences désastreuses. Les jeunes patients errent parfois plus de dix ans avant de recevoir un traitement adapté ; ce sont dix années de vie perdues, de difficultés scolaires, de désocialisation parfois, de difficultés à trouver et à conserver un emploi. Dix années d’incompréhension, de précarité également, de souffrances terribles pour les malades et pour leurs proches. Dix années pendant lesquelles la maladie s’aggrave et se complique. Alors que les avancées de la recherche et des prises en charge ont permis de faire reculer nettement la morbidité dans nombre de pathologies, la psychiatrie semble être restée à l’écart du progrès.

Pour des raisons humaines et éthiques, il est urgent d’agir.

Mais à l’heure des grands arbitrages économiques, le coût colossal de ces pathologies pour la société devrait également appeler toute notre attention. Selon les rares estimations disponibles en France, plus de 100 milliards d’euros annuels seraient imputables aux maladies mentales, lorsqu’on prend en compte les dépenses de santé et de soins, mais aussi les coûts indirects liés à la perte de qualité de vie et à la moindre productivité des entreprises due à une participation à l’emploi plus faible des malades.

Comment relever aujourd’hui ces défis ?

Cela ne pourra se faire sans volontarisme ni courage politique. Présenter la santé mentale comme une priorité de santé publique en l’inscrivant dans une politique de prévention, ainsi que l’a annoncé Mme Marisol Touraine dans son discours sur la stratégie nationale de santé, constitue une perspective encourageante mais qui doit trouver des traductions concrètes. Les chantiers d’actions ne manquent pas. L’accès aux soins, le dépistage et le diagnostic précoce doivent être améliorés. A l’instar des évolutions à l’œuvre dans les autres disciplines médicales, le développement d’unités de soins spécialisées en complément de l’offre de soins existante doit être renforcé. Enfin, notre capacité à mieux comprendre les mécanismes en jeu, à mieux diagnostiquer et à mieux soigner dépendront du soutien que l’on apportera à l’effort de recherche en psychiatrie. Faut-il rappeler que les plus grandes ruptures médicales doivent tout à l’avancée de nos connaissances ? Des travaux nous alertent et démontrent que la réduction du fardeau des maladies mentales est corrélée à un investissement accru dans la recherche.
 
Des solutions existent, elles sont à portée de main. Nous avons collectivement le devoir de nous en saisir pour offrir à nos jeunes en souffrance, ainsi qu’à tous les patients, de nouvelles perspectives d’avenir.
 
David de Rothschild, président de la Fondation FondaMental
Claude Bébéar, président de l’Institut Montaigne
 

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