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L’état alarmant de la santé mentale des soignants pendant la pandémie de COVID-19

Publié le 26 avril 2021

Les professionnels de santé en première ligne de la pandémie

Depuis début 2020, les professionnels de santé sont confrontés à la pandémie de COVID-19. Les médecins comme les infirmiers travaillent dans des conditions intensives, faisant quotidiennement face à de nombreux patients en état critique, de nombreux décès et de fait une charge de travail considérable. 

Pourtant, l’état mental des professionnels de santé est fortement lié à la qualité des soins fournis. Il est donc nécessaire d’appréhender et de préserver la santé mentale des soignants dans ce contexte de pandémie afin de pouvoir assurer la qualité des soins de santé et le bien-être de ceux qui sont en première ligne.

Estimer la prévalence des symptômes psychiatriques chez les soignants

Des chercheurs de l’AP-HP de l’Hôpital Louis-Mourier à Colombes et de l’Hôpital Cochin à Paris, en lien avec la Fondation FondaMental et le CESP (Centre de recherche en Epidémiologie et Santé des Populations), ont mené conjointement une revue systématique et une méta-analyse (selon les recommandations PRISMA) à partir des bases de données Pubmed et Psycinfo jusqu’au 8 octobre 2020.

« Le but de cette revue systématique est d’estimer la prévalence des problèmes de santé mentale chez les professionnels de santé au cours de la première vague de la pandémie de COVID-19 », nous explique la co-première auteur de la revue, le Dr Jasmina Mallet, psychiatre du Centre Expert Schizophrénie à l’Hôpital Louis-Mourier et membre du réseau de la Fondation FondaMental.

Au total, la revue comprend 70 études avec 101 017 participants et seules les études de haute qualité ont été incluses dans la méta-analyse. Pour le Dr Mallet, « il est essentiel de rassembler ces données pour obtenir un aperçu global de la santé mentale des soignants pendant cette période. »

La forte prévalence des symptômes psychiatriques au cœur des préoccupations

D’après les données, les chercheurs rapportent une prévalence de :

  • 30,0 % d’anxiété et de symptômes anxieux (95%CI, 24,2 - 37,05) ; 
  • 31,1 % de dépression et symptômes dépressifs (95%CI, 25,7 -36,8) ;
  • 44,0 % de troubles du sommeil (95%CI, 24,6 - 64,5).

Des facteurs tels que la charge de travail élevée, y compris de nuit, ainsi que le stress quotidien participent fortement à l’apparition de troubles du sommeil

Les prévalences des symptômes de stress aigu et post-traumatique se sont également révélées à un niveau élevé : jusqu’à 56,5 % de stress aigu et 20,2 % de symptômes de stress post-traumatique

Cette forte prévalence peut s’expliquer par des facteurs traumatisants ou anxiogènes auxquels sont exposés les soignants, tels que l’imprévisibilité de la charge de travail quotidienne, le fardeau de la prise de décision dans des situations particulières, les taux quotidiens élevés de mortalité ou encore les changements récurrents des procédures hospitalières.

La proportion de femmes et d’infirmiers ainsi que la localisation géographique des études analysées se sont avérées être des facteurs d’hétérogénéité dans les résultats.

Pour les Drs Guessoum et Mallet, « ces résultats nous dévoilent une situation préoccupante de l’état de santé mentale des soignants pendant la pandémie de COVID-19, ainsi que dans les potentielles futures crises sanitaires. »

L’urgence d’agir pour le bien-être des soignants et la qualité des soins

« Pour le bien-être des professionnels de santé et la qualité des soins pendant la pandémie, une prévention ciblée et un soutien psychologique doivent être mis en place dans de telles situations », préconise le Dr Guessoum, psychiatre à l’Hôpital Cochin. « Des stratégies de prévention et de soutien ciblées sont plus que jamais nécessaires, et ce à un stade anticipé en cas de futures crises sanitaires. »

En France, certains hôpitaux ont installé des hotlines spécifiques et des programmes d’accompagnement psychologique à destination des soignants pendant la pandémie (relaxation, soutien, activités physiques apaisantes, etc.).

Par exemple, l’association SPS qui agit pour la santé des soignants a mis en place, dès 2016, un numéro vert ainsi qu’une application mobile afin d’apporter une aide psychologique et personnalisée. D’après leurs chiffres, près de 49 % des appels concernent la COVID-19, dont notamment l’anxiété liée au confinement ou au virus et l’épuisement professionnel.

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Source : Maxime Marvaldi, Jasmina Mallet, Caroline Dubertret, Marie Rose Moro, Sélim B. Guessoum // Neuroscience & Biobehavioral Reviews // Anxiety, depression, trauma-related, and sleep disorders among healthcare workers during the COVID-19 pandemic: a systematic review and meta-analysis

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