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Point recherche du 7 septembre - Jasmina Mallet

Publié le 7 septembre 2022

«Le tabagisme est un facteur de risque et d’aggravation des pathologies mentales.»

Jasmina Mallet, médecin psychiatre à l’Hôpital Louis Mourier à Colombes (APHP) et membre de l’Alliance FondaMental.

Si l’impact négatif du tabagisme sur le risque de cancer et de maladies cardio-vasculaires est bien connu, ses effets sur la santé mentale et en particulier sur les maladies psychiatriques sont peu étudiés. En 2018, notre équipe avait démontré l’association entre tabagisme et les expériences dites « psychotiques » (Mallet et al, 2018). Chez les sujets avec schizophrénie, le tabagisme est près de deux fois plus fréquent qu’en population générale (55%) (Mallet et al 2017). Certains expliquent cette forte prévalence par l’hypothèse d’une auto-médication avec le tabac.  Selon des études anciennes, souvent biaisées et parfois financées par l’industrie, le tabac diminuerait les effets secondaires médicamenteux et permettrait d’améliorer les performances cognitives. Néanmoins, il apparaît que les patients avec une schizophrénie voient leur durée de vie diminuer d’environ 10/25 ans, la moitié étant imputable au tabac. 

Nous avons déjà montré que les patients fumeurs n’avaient pas moins d’effets secondaires neurologiques (Mallet et al, 2017). 

Avec cette nouvelle étude publiée dans le journal international Psychological Medicine et portant sur 1233 patients avec schizophrénie fumeurs, ex-fumeurs et non-fumeurs, nous démontrons que le tabagisme chronique est associé à de moins bonnes performances cognitives, ce qui vient contredire l’hypothèse de l’automédication. 

Actuellement, en collaboration avec des chercheurs de l’Inserm (équipe du Dr Tzavara), nous menons une étude pré-clinique avec une approche translationnelle, pour articuler nos résultats avec les connaissances issues des modèles animaux. Nous étudions d’une part les effets de la nicotine à l’adolescence chez des souris avec anomalies du système dopaminergique, et d’autre part l’interaction entre le tabagisme et certains gènes dopaminergiques et nicotiniques sur les symptômes des patients.

L’identification du tabagisme comme facteur de risque de trouble mental, notamment de schizophrénie peut avoir un impact majeur sur les politiques de santé publique et de prévention.

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