Importance et limites de la prise en charge en ambulatoire en psychiatrie
La prise en charge médicale ou dans un service de santé d’un patient sans hospitalisation (ambulatoire) est devenue la norme en psychiatrie. Pourtant, si l’on peut se réjouir d’une diminution par deux des durées d’hospitalisation en trente ans, pour atteindre 53 jours en 2012, près d’un quart des lits de psychiatrie restent occupés par des malades hospitalisés pour 10 mois et plus par an.
Auditionné dans le cadre de la mission d’information sur la situation de la psychiatrie des mineurs en France (rapport du Sénat de M. Amiel et Milon, avril 2017), le Pr Jean-Philippe Reynaud témoignait : « au bout de quelques mois d’hospitalisation d’un jeune, mon équipe estime le plus souvent que nous fabriquons de la comorbidité, car il ne pourra plus s’adapter à l’extérieur dans un dispositif médico-social, social ou ordinaire. »
Notre proposition* : multiplier les équipes mobiles pour diminuer le recours à l’hospitalisation
L’hospitalisation répond à la gestion d’un épisode aigu. Si elle est acceptée dans un grand nombre de cas, elle est parfois imposée (soins sans consentement) et peut être vécue comme traumatisante par les patients.
Afin de proposer aux patients une prise en charge adaptée sur son lieu de vie, la Fondation FondaMental et l’Institut Montaigne proposent, aux côtés des associations de patients et de familles, le déploiement d’équipes mobiles intervenant à domicile. Celles-ci peuvent être spécialisées (intervention précoce, précarité, urgence, psycho-gériatrie). La logique d’intervention d’équipes mobiles dans le lieu de vie du malade doit devenir la norme, au quotidien comme en temps de crise, les maladies chroniques n’ont plus vocation à être soignées au long cours à l’hôpital. Une expérimentation suisse menée auprès de personnes de 18 à 35 ans atteintes de psychose débutante a démontré son efficacité sur l’acceptation des soins, l’observance des traitements, le pronostic et la socialisation des malades. Il existe moins de 100 équipes mobiles en France contre près de 800 en Allemagne.
* « Psychiatrie, état d’urgence » de Marion Leboyer et Pierre-Michel Llorca, Fondation FondaMental - Institut Montaigne, Editions Fayard, septembre 2018: 25 propositions pour sortir la psychiatrie de l’état d’urgence
Quelques propositions pour construire la psychiatrie de demain
La Fondation FondaMental et l’Institut Montaigne font 25 propositions pour contribuer à la mutation de la psychiatrie française.
Ci-après un aperçu:
- Permettre le rétablissement pour 100% des patients
- Construire un portail web d’information
- Mener des campagnes grand public d’information
- Intégrer les familles dans le parcours de soin
- Créer la fonction de case manager pour mieux articuler les parcours
- Soutenir la e-santé en psychiatrie