Point recherche : Laurent Boyer, Santé mentale des jeunes
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Santé mentale des jeunes : une hausse des troubles anxio-dépressifs amplifiée par la pandémie de COVID-19 selon une étude nationale 

Publié le 18 avril 2025
  • Laurent Boyer, Directeur du Centre d’Etudes et de Recherche sur les Services de Santé et la Qualité de Vie (CEReSS), Aix-Marseille Université, et chercheur à la Fondation FondaMental.  

Une hausse des troubles anxio-dépressifs chez les jeunes  

Une étude de grande envergure menée par le CEReSS (Centre d’Études et de Recherche sur les Services de Santé et la Qualité de Vie) sur les données du SNDS (Système National des Données de Santé) entre janvier 2016 et juin 2023 révèle une augmentation alarmante de l’utilisation des soins en santé mentale et des prescriptions de psychotropes chez les enfants, adolescents et jeunes adultes (moins de 25 ans) en France.  

Les résultats montrent une hausse importante des consultations et hospitalisations psychiatriques ainsi que des prescriptions de psychotropes sur cette période. Bien que ces tendances aient été identifiées avant 2020, la pandémie de COVID-19 a joué un rôle de catalyseur, exacerbant des vulnérabilités préexistantes et exposant une forte augmentation des troubles psychiatriques chez les jeunes. 

Une détérioration marquée chez les adolescentes  

Cette augmentation a particulièrement touché les adolescentes et jeunes femmes chez qui nous observons une hausse des consultations psychiatriques ambulatoires (+13 %), des hospitalisations psychiatriques à temps plein (+9 %), et d’hospitalisations pour tentatives de suicide (+14 %).  

Les prescriptions de psychotropes ont également enregistré des augmentations notables d’antidépresseurs (+13 %), d’anxiolytiques (+5 %), de méthylphénidate (+15 %), de régulateurs de l’humeur (+5%), d’antipsychotiques (+9%), et de médicaments pour la dépendance à l’alcool (+12%). 

Agir face à l’urgence 

Bien que cette étude ne fournisse pas de données explicatives précises, la littérature internationale met en avant plusieurs hypothèses, notamment le rôle central des réseaux sociaux et de l’augmentation du temps d’écran dans l’aggravation des troubles psychiatriques chez les moins de 25 ans. Les résultats à venir du baromètre de la santé mentale des jeunes Franciliens, porté par la Fondation FondaMental et financé par la Région Île-de-France dans le cadre d’une Question d’Intérêt Majeur, apporteront des éclairages essentiels pour mieux comprendre cette dynamique.  

En attendant ces résultats, les chercheurs soulignent la nécessité d’une réponse globale et coordonnée. Des régulations internationales sur les plateformes numériques pourraient contribuer à réduire les risques liés à une utilisation excessive des réseaux sociaux, par exemple en instaurant des systèmes de vérification d’âge robustes et des restrictions sur des fonctionnalités addictives comme le défilement infini.  

Cependant, les réglementations seules ne suffiront pas. Il est essentiel que les stratégies de prévention intègrent l’éducation aux médias, le renforcement de la résilience et la promotion d’habitudes numériques équilibrées, tout en étant adaptées aux spécificités locales. Ces interventions doivent prendre en compte les facteurs socio-économiques, familiaux et régionaux afin d’atteindre efficacement les populations les plus vulnérables.  

Enfin, la hausse des troubles psychiatriques chez les jeunes dépasse le cadre des réseaux sociaux. D’autres facteurs, comme l’insécurité économique, la fragilisation des liens sociaux et familiaux, ou encore les préoccupations émergentes telles que l’éco-anxiété, jouent un rôle significatif. Nous appelons à la mise en place d’une réponse globale qui intègrerait impérativement ces dimensions pour aborder cet enjeu dans toute sa complexité. 

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