Conduites suicidaires

Manifestation d’une souffrance psychologique intolérable, le suicide est la deuxième cause de mortalité des 15/24 ans et constitue un enjeu majeur de santé publique en France.
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La recherche est indispensable pour identifier les facteurs de risque et permettre de mieux détecter les sujets à haut risque et prévenir les passages à l’acte.

Le suicide, une épidémiologie préoccupante

En France, un décès par suicide survient toutes les heures et une tentative de suicide toutes les 7 minutes. Ainsi, chaque année en France, ce sont près de 9 000 personnes qui décèdent par suicide et près de 80 000 qui tentent un geste suicidaire.

La situation française est particulièrement préoccupante : notre pays se situe au-dessus de la  moyenne européenne et occupe le 7ème rang sur 27 pays. Plus alarmant, ces chiffres ne diminuent pas ou très lentement.

Lutter contre les idées reçues

Idées reçues et préjugés accompagnent souvent la perception des conduites suicidaires par le grand public et les médias (acte d’autodétermination ou de libre arbitre, chantage vis-à-vis de l’entourage…) et font écran à une approche médicale et scientifique de ce problème de santé publique.

Les suicides ou tentatives de suicide sont la résultante d’une souffrance psychologique extrême, jugée insupportable par les personnes qui en sont victimes.

Connaître les mécanismes liés à la conduite ou l’acte suicidaire est essentiel à la mise en place de stratégies de prévention. Là encore, la recherche a un rôle majeur à jouer et a déjà apporté de premiers éléments de réponse encourageants.

La recherche a démontré que nous ne sommes pas tous égaux face au risque suicidaire : certaines personnes se révèlent plus vulnérables que d’autres.
Pr Philippe Courtet

Les principaux facteurs de risque

Certaines personnes se révèlent plus vulnérables que d’autres face au risque suicidaire.
Des travaux de recherche ont notamment démontré que près de 90% des personnes qui attentent à leur vie souffrent de troubles psychiatriques et que les antécédents de tentative de suicide sont associés à un risque accru de récidive.

Que sait-on aujourd’hui de la vulnérabilité au suicide ? Elle constitue une sorte de prédisposition ou de terrain « favorable » qui peut se traduire par un passage à l’acte sous l’effet d’un stress important (perte d’un emploi, problèmes familiaux ou conjugaux…). Elle serait liée à l’association de facteurs génétiques et de facteurs environnementaux. En effet, plusieurs gènes liés aux conduites suicidaires ont déjà été identifiés.
Les travaux de recherche ont également démontré l’implication de différents facteurs environnementaux, parmi lesquels les situations de maltraitance dans l’enfance, les altérations du sommeil, la présence d’un trouble du stress post-traumatique, etc.

Vers des marqueurs biologiques du suicide ?

Des travaux prometteurs ont permis d’identifier des premiers marqueurs biologiques du risque suicidaire. Ainsi, des voies biologiques spécifiques (système sérotoninergique et axe du cortisol) ont été impliquées, qui influent sur l’impulsivité et l’anxiété, deux caractéristiques psychologiques fortement présentes chez les personnes ayant fait une tentative de suicide.
D’autres études ont également montré l’existence d’une inflammation chronique chez les patients ayant effectué une tentative de suicide (diminution des taux d’interleukine dans le sang, niveau élevé de protéine C réactive).

L’identification de ces différents marqueurs biologiques du suicide constitue une source d’espoir en matière de diagnostic.

La neuro-imagerie apporte de nouvelles pistes

L’implication de régions cérébrales dans les anomalies émotionnelles et cognitives associées à la vulnérabilité suicidaire a été démontrée chez l’homme. Les études de neuro-imagerie, en particulier d’IRM fonctionnelle, ont ainsi permis de mettre en évidence, chez les sujets ayant fait une tentative de suicide, une hyperactivité du cortex orbito-frontal en visionnant des visages exprimant la colère. Ils sont donc hypersensibles aux signaux de rejet social et de désapprobation.

Pour aller plus loin

Les explications du Pr Phillipe Courtet en vidéo :

 

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