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Schizophrénie - Paroles de chercheurs

Publié le 16 juillet 2019

 

 

Coordinateurs des dix Centres Experts FondaMental Schizophrénie, le Pr Franck Schürhoff (Hôpitaux universitaires Henri Mondor) et le Pr Fabrice Berna (Hôpitaux universitaires de Strasbourg) présentent les résultats scientifiques obtenus et offrent un plaidoyer en faveur de la recherche.

Quel est l’intérêt pour la recherche des Centres Experts FondaMental ?

> Franck Schürhoff: Nos Centres Experts proposent plusieurs types de recherche dont un suivi de cohorte. Nous étudions l’évolution sur le long terme de paramètres psychiatriques, somatiques, cognitifs grâce à des outils communs partagés dans tous les centres. Concrètement, cela nous permet de mieux comprendre les facteurs qui influencent sur le pronostic de la maladie et de proposer des stratégies pour améliorer les prises en charge. À terme, ce type d’étude à grande échelle permettra d’optimiser les politiques de santé publique et les pratiques médicales.

Quels ont été vos axes de recherche ?

> Fabrice Berna: Avec les collaborateurs du réseau, nous avons étudié les paramètres métaboliques (car les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les patients, devant le suicide), l’inflammation périphérique de bas grade (dont de nombreux travaux ont commencé à explorer le rôle dans la maladie), l’effet des traitements sur la qualité de vie des patients et sur l’observance, et enfin, les symptômes dépressifs (qui ont un impact majeur sur le rétablissement).

 

À terme, ce type d’étude à grande échelle permettra d’optimiser les politiques de santé publique et les pratiques médicales.

Quels sont vos principaux résultats ?

> Franck Schürhoff: Nos résultats sur la prévalence du syndrome métabolique (surpoids, hyperglycémie, hypertension…qui prédisposent aux maladies cardiovasculaires) sont sans appel : la prévalence du syndrome métabolique est deux fois plus importante qu’en population française générale et très peu de patients reçoivent un traitement adéquat. Par ailleurs, nous avons montré que la présence d’un épisode dépressif caractérisé est associée à une prise de poids significative après un an d’observation.

> Fabrice Berna: Nos travaux sur l’inflammation périphérique de bas grade (présente dans le sang en dehors de toute infection aiguë) ouvrent potentiellement la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques. Nous avons notamment montré qu’elle était associée à une altération significative des fonctions cognitives et à un niveau plus élevé de dépendance à la nicotine. De même, un patient sur cinq présente des troubles dépressifs associés, corrélés à une diminution de la qualité de vie et à une augmentation de la dépendance nicotinique chez les fumeurs.

> Franck Schürhoff: Enfin, nous avons examiné les traitements et leurs impacts divers. Le délai à l’instauration du traitement est plus long pour les schizophrénies se déclenchant avant 19 ans et chez les consommateurs de cannabis. L’adhésion au traitement est diminuée chez les patients rapportant des effets indésirables « subjectifs » (comme la fatigue, le manque de motivation ou se sentir « comme un zombie »). Enfin, nous avons observé des corrélations entre des traitements médicamenteux et l’akathisie, l’agressivité ou encore l’altération des fonctions cognitives.

 

Ces résultats ouvrent des pistes pour améliorer le suivi et la prise en charge des patients. 

Quel bilan en tirez-vous et quelles sont les perspectives ?

> Fabrice Berna: Ces résultats ouvrent des pistes pour améliorer le suivi et la prise en charge des patients. Certaines recommandations sont directement applicables, d’autres nécessitent des explorations complémentaires. Il apparaît clairement que le dépistage de la maladie devrait être renforcé chez les adolescents et les consommateurs de cannabis. De plus, l’évaluation des paramètres métaboliques, des fonctions cognitives et des troubles dépressifs devrait être systématique et s’accompagner de prises en charge adéquates. En ce qui concerne les traitements, nos travaux débouchent sur des indications en termes de prescription et rappellent l’importance d’évaluer systématiquement les a priori que peuvent avoir les patients sur leur traitement médicamenteux lors de sa mise en place, afin d’améliorer l’adhésion.

> Franck Schürhoff: Nous souhaitons développer des projets «trans-nosographiques » et collaborer avec nos collègues des autres réseaux de Centres Experts. Par ailleurs, avec la biobanque associée aux données cliniques des patients, nous pourrons avancer plus vite et identifier des marqueurs biologiques spécifiques de la maladie. Notre objectif : en finir avec l’hétérogénéité de la maladie et proposer des outils diagnostiques et thérapeutiques précis, fiables, personnalisés et efficaces.

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