Proposition 3 : Mener des campagnes d’information grand public

Troubles psychiatriques : le poids des préjugés

Objet de peurs et de fantasmes, les troubles psychiatriques sont méconnus et généralement associées à l’idée de dangerosité, d’imprévisibilité et d’irresponsabilité. Dans une enquête Ipsos menée en 2014 pour la Fondation FondaMental et le groupe Klesia, 74% des Français déclaraient que les personnes atteintes de maladie mentale représentent un danger pour elles-mêmes ou pour les autres. Ces préjugés pèsent lourd dans la qualité de la prise en charge et la qualité de vie des patients et de leurs proches. Des travaux ont démontré qu’ils font obstacle à l’accès aux soins et au rétablissement.

Notre proposition* : mener des campagnes nationales d’information pour lutter contre la stigmatisation

Contrer les représentations sociales attachées aux troubles psychiatriques est un enjeu de premier plan. Pour assurer un maximum d’efficacité, la conduite de campagnes de sensibilisation adaptées selon les publics est fortement recommandée. Dans l’ouvrage «Psychiatrie : l’état d’urgence», la priorité est donnée à trois populations cibles:

  • les 15-25 ans : du fait de l’âge de survenue des troubles psychiatriques, il est essentiel que les jeunes ne soient plus inquiets à l’idée de recourir aux soins psychiatriques ;
  • le monde professionnel : de telles campagnes auraient pour objectif d’aider au repérage précoce des salariés présentant un trouble psychiatrique et de contribuer à la meilleure insertion des personnes malades ;
  • les médias : ces derniers jouent un rôle important dans la perpétuation des idées reçues, de telles campagnes pourraient contribuer à améliorer le traitement réservé aux sujets de santé mentale.

*«Psychiatrie, état d’urgence» de Marion Leboyer et Pierre-Michel Llorca, Fondation FondaMental - Institut Montaigne, Editions Fayard, septembre 2018: 25 propositions pour sortir la psychiatrie de l’état d’urgence 

Histoire de vie : les stratégies d’évitement de mes amis

«  Quand on sort d’HP, les gens, les vagues ami-e-s… Celles et ceux qui ne vous ont ni appelé ni visité. Tous ces gens se sentent mal en votre présence. […] Les pires, ceux qui font tout pour t’éviter. Aucune réponse aux coups de fil. Et si, par mégarde, ils te croisent et que tu fonces sur eux et que tu les chopes, en général, ils arrivent à t’éviter. L’air de rien… Ils te parleront d’une voix assez douce, tout en essayant d’être enjoués et en bégayant ce qui est assez difficile. Ils finissent à dire : « Il faut qu’on se voit ! Là, je suis débordé/e. Je te tel dans la semaine… » Jean-Marie, Saison Fous Alliés, Nov 2017, Production Sans-A

Histoire de vie : ma honte d’être une professionnelle dépressive 

Marie-Aude est une jeune institutrice lorsqu’elle est hospitalisée après un premier épisode dépressif majeur. Pendant plusieurs années, Marie-Aude multiplie les rechutes.

«Je ne savais pas ce que ça voulait dire la dépression, j’étais quelqu’un d’enjoué, qui faisait la fête, qui bossait… Me retrouver vautrée sur un canapé, je n’assumais pas. […] Je n’en pouvais plus d’être arrêtée. J’avais honte vis-à-vis des enfants, c’était insupportable pour moi. Je ne voulais pas qu’ils aient cette image noire de moi. Je préférais qu’on ne le sache pas. » Marie-Aude,  Saison Fous Alliés, Nov 2017, Production Sans-A

Histoire de vie : on n’existe plus 

« Les médecins m’ont dit que j’avais été pendant longtemps en état d’“insanité mentale”. Cette horrible expression, à la fois médicale et juridique, signifie que l’on n’est pas un être responsable de ses actes – une partie monstrueuse de vous-même peut vous commander sans vous en avertir. On me fait d’ailleurs souvent ressentir que je ne suis plus une personne à part entière. Un autre, le curateur, décide à ma place. Et lorsque je me rends chez le juge des tutelles, celui-ci s’adresse à mon père. Peut-être pense-t-il que je ne suis plus à même de comprendre ce qu’il dit…» Jean Albou, Un fou dans l’art, Editions La Martinière, 2010

Histoire de vie : se dire déprimé passe mieux que schizophrène

« Aujourd’hui, je cherche un travail à temps partiel (…). En situation de recrutement, je ne dis pas que je suis schizophrène. La solution que j’ai trouvée est de dire que je sors d’une dépression. Soit l’entreprise est prête à accepter cela, et c’est tant mieux. Si ce n’est pas le cas, elle ne serait a fortiori pas prête à travailler avec un schizophrène. Et je n’aurai pas envie d’y travailler non plus. En matière de management, je sais aussi qu’un ton agressif ou trop directif peut me fragiliser. » Armand, adhérent du ClubHouse, in «Psychiatrie: l’état d’urgence», Ed. fayard, p113

Quelques propositions pour construire la psychiatrie de demain

La Fondation FondaMental et l’Institut Montaigne font 25 propositions pour contribuer à la mutation de la psychiatrie française.

Ci-après un aperçu:

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